- Ma foi, Lieutenant, ce genre d'experience laisse des traces, dit-elle à haute voix. Et elles ne partent pas. Croyez-moi, je parle par expérience. La question est de savoir si nous les laissons ou non changer notre personnalité.
- Changer notre personnalité, madame ? s'entendit-il répondre. je ne sais pas si c'est le bon terme. Notre personnalité n'est-elle pas le résultat de tout ce qui nous change bel et bien ? Si nous ne changeons pas, nous n'apprenons pas non plus, n'est ce pas ?
- C'est une excellente remarque, lieutenant, concéda-t-elle. Je ne me rends pas souvent coupable d'employer un langage aussi imprécis. ce que je voulais dire, je pense, c'est qu'il faut savoir si nous permettons aux changements de détourner la personne que nous voulons être, de modifier ce que nous voulons faire de nos vies. Allons-nous les laisser… nous diminuer, ou bien accepter les cicatrices et continuer de progresser.
- Je ne sais pas madame, dit-il. Si cela va ou non me détourner, je veux dire. Je ne le veux pas. Je ne crois pas que cela sera le cas. Mais je dois admettre que, parfois, c'est tellement douloureux que je n'en suis pas sûr.
- Je n'en suis pas non plus aussi sûre que j'aimerais, lieutenant, dit-elle, rendant franchise pour franchise. Et je ne vois hélas !qu'un moyen pour que vous ou noi acquérions une certitude. Alors, dites-moi, êtes-vous partant pour remonter à cheval ?